(Le Monde) My Extraordinary Summer with Tess Review (France)
Cinéma : « Ma folle semaine avec Tess », le portrait d’une enfance au cœur battant
Le premier long-métrage de Steven Wouterlood évoque les émois, légers comme graves, de deux adolescents. Un film sensible et exaltant adapté d’un livre d’Anna Woltz.
Par Véronique Cauhapé Publié le 18 septembre 2019 à 07h00
Joyeux comme on peut l’être dans une famille aimante qui vous entoure et vous aide à grandir, Sam (Sonny Coops van Utteren), 11 ans, pense à la mort. Craignant qu’elle le surprenne, il s’astreint chaque jour, et sur une durée qu’il consigne dans un carnet, à rester seul pour, plus tard, être prêt et aguerri quand tout le monde autour de lui sera parti. C’est dans un trou, de la dimension d’une tombe, qu’on le découvre d’ailleurs, en plan serré, au début du film.
Il l’a creusé lui-même, sur une grande plage de l’île néerlandaise où il vient de débarquer avec ses parents et son frère aîné pour une semaine de vacances. Il s’y est allongé, laissant autour de lui le monde s’agiter. La mer, les dunes, le ciel bleu, le cri des autres enfants, le vol d’un cerf-volant nous apparaissent alors dans un mouvement ascensionnel qui finit par réduire le corps du jeune garçon à la taille d’une fourmi. Minuscule dans l’immensité d’une vie qui rayonne, Tom, joyeux, pense à la mort. Et s’y prépare avec l’assiduité d’un bon élève.
La caméra accrochée aux basques des gosses
Adapté du roman éponyme d’Anna Woltz (édité en France par Bayard), Ma folle semaine avec Tess élève, à la hauteur des adultes que nous sommes devenus, un monde de l’enfance où légèreté et gravité s’accordent sans heurt, emportées toutes deux dans l’énergie vitale de la jeunesse. C’est cette dualité harmonieuse et dynamique que met en scène, avec une intelligence émotionnelle rare, Steven Wouterlood dans son premier long-métrage. Le réalisateur filme les jeux de gosses avec sérieux et saisit les pensées sombres avec gaieté, fait sourire ses personnages quand les traverse le chagrin, et sèche leurs larmes dans un rayon de soleil. La caméra prend le temps de s’arrêter sur ces instants mais, la plupart du temps, vive, alerte, en mouvement, elle file à toute allure, accrochée aux basques des gosses qui courent, et aux roues de leurs vélos qui sillonnent les dunes. Ce rythme rapide qui donne l’énergie au film provoque une succession de rencontres.